Singapour l’irréelle

7 jours que nous sommes là, et Singapour ne perd pas le quart de l’ombre de son aspect incroyable.

Sur cette île de quelques dizaines de Km, il y a 200 ans, débarquait un administrateur colonial britannique (T.S.Raffles) dans une jungle inextricable, ou croulaient les ruines d’un royaume ravagé puis oublié pendant quatre siècles, pour y fonder un poste de commerce. A l’endroit où se tient l’immeuble depuis lequel j’écris, chassaient les tigres, déambulaient les ours, rôdaient les crocodiles, les serpents, les sangliers…

L’île de Singapour est un losange de 40km d’Est en Ouest, 20Km du nord au Sud, plus quelques ilôts, soit 700km² environ : un peu plus que l’Andorre, moins que le Luxembourg, 7 fois moins que le vaste département du Lot (spécial kasdédi au 4-6). En vélo, on pourrait en faire le tour dans la journée.

De ce passé lointain subsistent quelques jolies réserves naturelles parsemées sur l’île : en longeant ces zones sur des voies rapides ultra-modernes, à travers les vitres d’un taxi climatisé, on imagine dans la végétation exubérante que se faufile l’esprit du dernier tigre de l’île, abattu il y a 87 ans, en 1932.

La majeure partie de l’île est urbanisée : gratte-ciels du quartier des affaires, « HLM » des quartiers plus populaires, voies rapides, zones industrielles, port de commerce gigantesque… à la jungle tropicale a succédé la jungle urbaine. Est-elle moins complexe ?

Les rats des champs que nous sommes s’y déplacent avec difficulté : on se demande parfois si, transporté deux siècles en arrière, armé d’une boussole et d’une machette, à l’ombre de la canopée, les déplacements n’auraient pas été plus simples.

C’est qu’entre le réseau des bus et celui des lignes de métro, ça n’est pas simple. Le problème serait le même à Paris, pour les ruraux que nous sommes ! Mais ici s’ajoute la barrière de la langue quand on demande un renseignement : l’anglais n’est ni ma langue maternelle… ni celle des gens à qui je demande mon chemin !

Armé d’un bon vieux plan de la ville (oui, bon … sous forme d’application sur un smartphone) on est tenté de se rabattre sur des valeurs solides : la marche à pied . Quelques Km n’ont jamais tué personne, n’est-ce pas.

Sauf qu’ici on en doute : entre la chaleur, le taux d’humidité, le soleil qui cogne dur, et les 3 enfants, il est fortement déconseillé de faire des Km à pied comme si de rien n’était.

Donc on galère un peu dans le réseau de transports en commun. Heureusement, il y a la clim dans les bus, même quand on se trompe de bus.