12 juin: « Doucement, ni après, ni avant, chaque chose en son temps »

Oscar vient de passer sa deuxième nuit sans sucette, il s’est vite endormi et a fait une bonne nuit de sommeil mais il trouve cela difficile au réveil. Il ne sait pas qu’il a fait le plus dur: décider d’arrêter et jeter la dernière sucette, dans 13 jours il n’y pensera plus.

6h semble être mon heure de réveil et mon heure d’écriture. En même temps on se couche tôt et j’ai largement mes 8 heures de sommeil aux aurores. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt! 😉

Pas de yoga pour moi à Rimba. Il y a ici 6 chiens adultes qui aboient quand on passe et autant j’ai presque passé ma peur des requins autant je n’ai pas encore passé celle des chiens.

Oscar est celui des 3 enfants qui se lève le plus tôt et qui vient dans notre lit nous raconter ses rêves, ses pensées du matin.

Au petit déjeuner nous discutons avec Clémentine une jeune rochelloise qui mène des études d’anglais/indonésien à Jakarta et qui prépare son mariage avec un jeune indonésien pour dans un mois. Elle nous explique un peu la situation politique actuelle de l’Indonésie qui n’a actuellement pas de président car le résultat des récents votes est contesté et qui risque d’avoir un président très religieux et fermé aux étrangers. Décidément cette peur de l’autre et cette exclusion semblent malheureusement universelles !!

Elle nous parle aussi de la surpêche (car les hommes sont essentiellement pêcheurs en Indonésie et ne gagnent que 2€ par jour) des fonds de mer raclés. Nous voyons des bateaux pêcher toute la nuit, toutes lampes allumées.

La question écologique ne les touche pas encore (la priorité étant la possibilité de manger dans un premier temps) pas de poubelle, ni de ramassage de poubelles, ni de gestion des déchets, les déchets sont jetés par terre, devant chez eux, sur la plage.

L’idée de faire passer le déchet plastique à l’ état d’une « matière première » (soit pour faire du pétrole comme ici soit pour fabriquer des objets) pourrait être une motivation réelle, utile et stimulante.

Elle nous parle aussi des femmes qui se sont toutes voilées il y a 4/5 ans et d’un durcissement de la religion.

Elle nous explique que Sumatra est une île avec un régime matriarcal, ce sont les femmes qui mènent le foyer. Une famille est « riche » si elle a des filles car ce sont les hommes qui amèneront la dot. Étonnant! nous nous demandons comment cela peut s’articuler avec la religion musulmane!?!

Avec Romain nous nous décidons à faire une plongée masque/tuba. Je suis un peu réticente à cause des vagues à passer et du corail à dépasser pour accéder au fond marin. En effet c’est galère de rentrer dans l’eau et de mettre ses palmes, on est « boulégué » et à la fois il y a peu de fond, je crains de me raper sur les coraux. Bref on arrive à passer.

L’eau est bonne mais très trouble.

Nous voyons des poissons que nous n’avions pas vu à D’Lagoon, de beaux bleus et jaunes, je ne vois quasiment pas de poissons perroquets mais nous voyons de nombreux boxfish trop mignons et un beau poisson porc-épic. Nous voyons un « petit » banc de « gros » poissons. Les coraux sont tout de même ternes et manquent de couleur, les vagues brassent beaucoup de particules qui rendent la visibilité difficile. Pas vu de tortue hélas alors qu’il y en a ici!

Je ne nage pas très longtemps car mon masque fuit et l’eau me brûle les yeux. Sortir de l’eau est compliqué.

Matis et Nina se « chafouinent » à nouveau!

Décidément ce sera la thématique de fin de voyage: comment ne pas chercher l’autre? ne pas empiéter sur ses besoins? Comment faire des efforts pour préserver la relation?

Le chemin va encore être long.

Comme souvent nos 3 enfants ont grandi d’un coup! Dans leurs attitudes, réflexions, comportements, rapport à l’autre. 3 enfants, 3 individualités, 3 caractères, 3 temps de vie différents. Avec Romain cela nous demande toujours un temps d’adaptation et nous attrapons toujours le train avec 3 wagons de retard. Cela demande à chacun de nous un réajustement de nos habitudes, de nouvelles postures, de nouvelles réponses à de nouveaux comportements. Ce qui fonctionnait il y a un an ne fonctionnera peut être plus cette année. C’est peut être ça la mission la plus compliquée pour un parent: être en perpétuelle évolution, en perpétuel mouvement, une adaptation continue au fil de la vie. Le bébé qui devient petit enfant, enfant, pré-ado, adolescent, adulte, parent…ne peut pas avoir face à lui un même parent immuable qui serait le même pendant 60 ans nous sommes amené à évoluer au fil de l’évolution de notre enfant.

Je termine le livre de Thich Nhat Hanh et prends des notes pour un peut-être instauter un nouveau temps de régulation familiale à notre retour. Nous avons longtemps fait une fois par semaine un temps de parole inspiré du conseil de classe:

– je félicite et je remercie

– je critique

– je propose

Comme chaque « bonne idée » ou « bon truc » éducatif celui-ci s’est essoufflé. Mais je trouvais ce temps de parole et d’écoute hors temps de crise ou réactionnel important. Nous pouvions discuter calmement et nous rappeler les belles actions de chacun et les valoriser, je pense que le temps de critique restait difficile à vivre car il désignait par un « tu » qui blesse et les propositions n’étaient peut être pas toujours respectées.

Thich Nhat Hanh propose un cercle parole et d’écoute un peu dans le même mouvement:

– un temps de respiration tous ensemble

– puis un temps où celui qui le sent prend la parole et complimente ou remercie honnêtement les autres, se connectant ainsi au cœur.

– Puis vient le temps où celui qui le souhaite s’excuse des mots durs, actions désagréables, blessures… qu’il a pu infliger aux autres.

– En dernier temps, un temps où celui qui en a besoin exprime qu’il s’est senti blessé, délaissé, trahi, chagriné, déçu…suite à une action. Il parle en son nom, de ses ressentis, sans accuser l’autre.

Les autres écoutent sans juger, sans intervenir, sans corriger.

La famille, comme la classe d’ailleurs sont des lieux où des tensions s’accumulent, des rancœurs peuvent se former, des vexations sont ravalées et tout ceci a besoin d’être évacué pour ne pas ressurgir n’importe comment à un moment inapproprié. L’amour et la joie ont aussi besoin d’être exprimés et partagés car ce sont les personnes que l’on aime le plus à qui on peut l’exprimer le moins bien aussi. Et excuses et réparations sont importantes dans les 2 sens car on se sent mal quand on a blessé l’autre, il est important de pouvoir poser des excuses pour réparer.

Alors voilà au bout de quatre mois en famille « collés-serrés » la réflexion sur la parentalité est encore et toujours en mouvement, en cheminement.

Je viens de commencer « En voiture Simone » d’Aurélie Valognes qui est tout à fait dans le thème de mes réflexions: repas de Noël en famille, rapports parents/enfants, beaux-parents/beaux-enfants, grands-parents/petits-enfants…

Vers 17h, j’accompagne Nina qui veut faire un snorkelling. Nous nageons dans la main et voyons des boxfish, un buffer de 60 cm, de beaux poissons colorés. Nina sort et Romain me rejoint et nous voyons un long serpent bleu et noir, Berk!!! Je sors!

Dessins en famille.

Dodo tôt pour les enfants.

Avant dernier Game of Throne pour les parents!

6 réponses sur “12 juin: « Doucement, ni après, ni avant, chaque chose en son temps »”

  1. Coucou! Tellement intéressantes tes réflexions sur le chemin de la parentalité, je te lis avec plaisir et intérêt. Je suis aussi dans une période de grande réflexion / lectures autour de ces sujets et je te rejoins sur le fait qu’il faille évoluer et accepter de sans cesse chercher de nouvelles solutions, s’adapter, se renouveler, se remettre en question… Quelle aventure merveilleuse et enrichissante sur tous les plans, mais aussi parfois éprouvante et generatrice de doutes et de fatigue.
    J’ai dans ma biblio le livre dont tu parles sur l’enfant intérieur mais n’ai jamais réussi a accrocher, je vais le remettre dans ma Pile a Lire voir si ça passe mieux!
    Gros bisous et bonne « infusion » de ce beau voyage <3

  2. c’est beau toutes ces photos ! et je vois qu’ils s’entendent pour faire une oeuvre commune, nos jeunes Artistes ! les conflits ça fait partie de la vie, et chez les enfants c’est « sans filtre » … l’éducation ça sert à leur apprendre à se modérer et on a fait beaucoup de progrès depuis la génération précédente, je suis admirative de ces temps de réflexion et de communication posés avec vos enfants …
    Ils ont tous grandi énormément, et à tous les points de vue je crois ! Bravo Oscar pour avoir franchi l’étape « sans sucette » ! On va retrouver un Matis jeune ado… et Nina toujours plus belle et solaire.
    On parle de plus en plus d’écologie ici… et c’est tant mieux !
    mais au cours de nos voyages, on l’a vu partout, les déchets ne sont pas collectés, et c’est comme chez nous dans les siècles passés, on jette tout dans un coin, on brûle … sauf que maintenant le plastique, les produits chimiques, les piles … se retrouvent dans la nature avec les conséquences que l’on sait…
    dans beaucoup d’endroits du monde, l’écologie est encore un luxe et les populations pensent essentiellement à leur survie au jour le jour… et pas à la gestion des ressources.
    Bientôt le retour, où chacun va retrouver son « espace », sa chambre et ses activités … après tous ces mois vécus ensemble 24h/24 (ça aussi c’est pas facile à gérer ! la vie en communauté permanente …
    Profitez bien de ces moments, parfois pas faciles, mais si intenses et pleins d’Amour (malgré les disputes !)
    Doux bisous à tous,
    Nanny Milou

  3. Ouiiiii, on n’y croyait plus et en même temps la sucette a bien aidé pour les multiples transferts inconfortables du voyage.
    Et là c’est ok il a un peu chouiné par ci par là qu’elle lui manquait mais je pense qu’il est fier car il était grandement temps!!!😂 Il s’endort nickel et dort dans souci. Un beau cap, passage, Oscar est bien grand maintenant. Et avant-hier il a perdu un de ses doudous!!

  4. Coucou Marine
    Tant mieux si mes errements/réflexions font écho 🙂 parfois je me sens seule et perdue dans l’éducation donnée et à donner. Je déteste tant les conflits et les prises de tête. On a eu 3 enfants pour qu’ils savourent la joie de la fratrie et apparemment eux préfèrent expérimenter la baston 😕 c’est souvent usant et fatigant.
    Exercice sans trêve ni congé que d’être parent. Beaucoup d’apprentissages et d’évolution auprès de ces petits êtres qui voient le monde avec d’autres lunettes que les miennes, que les nôtres. Ils m’ont permis de toujours continuer à me remettre en question, apprendre, lire, échanger, chercher, expérimenter. Et apparemment c’est pas fini.
    Pour « l’enfant intérieur » je me demande même si je ne l’avais pas lu dans m’en rappeler!! Chaque livre à son juste moment dans nos vies…😉

  5. Coucou Nicole
    Oui beaucoup d’évolution et de changements chez nos 3 petits lotois. Pas toujours facile à suivre et il faut s’adapter vite. Mais en effet je pense que ce voyage va ancrer chez nous 5 un repère fort, un appui solide et des souvenirs magiques pour la suite de nos aventures de vie. Accepter que vouloir des relations fluides, sans heurt ni conflit relève peut être encore du rêve. Mais continuer de tenter de travailler le respect, l’harmonie, le plaisir d’être ensemble.
    Pour l’écologie étonnamment le temps semble juste à une prise de conscience globale. J’aime l’idée de toutes ces idées éparses qui germent sur Terre car espérons que quand 1% de la population mondiale sera consciente du désastre il nous faudra amorcer un virage rapide qui même si nous ne reviendrons jamais a l’origine pourra puiser 1000 bonnes idées de partout dans le monde.
    Bisous

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