Nous sommes dans une phase du voyage tout à fait à part. Une sorte de SAS. Plus du tout dans la frénésie du « voir, découvrir, faire, bouger ».
Nous acceptons tous ce temps de « décroissance » du voyage pas si évident car il demande de traverser « calme, ennui, rien, tranquilité, silence, contemplation ».
Nous avons maintenant nos petites habitudes rythmées par les heures du repas (thé, jeux, chiots).
Chacun de nous est à mi-chemin entre tout ce qui a été vécu et ce qui va se vivre dans 13 jours.
Oscar me demande de compter les jours car il a hâte de retrouver sa chambre, son lit, ses jouets.
Hier était une grande journée car il a (enfin) décidé de jeter sa sucette! Pas toujours évident d’être et un petit dernier ET du 31 décembre. Pas évident de grandir. Et ce voyage l’a beaucoup fait grandir: physiquement et dans ses propos, ses postures, son humour.
Matis me demande aussi de compter les jours, il a hâte de revoir ses amis, envie de partager du temps « vrai, réel » avec eux. Il a trouvé difficile par moment les discussions par internet avec ses copains, sentant qu’il y avait comme une gêne, une distance. Il a hâte aussi de retrouver la nourriture française et Bianca aussi.
Nina ne demande pas de compter les jours mais elle a hâte de retrouver son grand copain Tom, sa chambre, ses jouets et Axel.
Romain et moi avons hâte de retrouver un peu d’espace, de liberté et de silence.
Hier soir nous avons discuté avec les jeunes français qui nous expliquaient qu’après avoir pris un gros chien il y a 2 ans, ils ont réalisé le temps, les soucis, l’investissement que ça demandait, surtout qu’ils souhaitaient bien le dresser en prenant des cours pour qu’il ne morde pas. Et que suite à cela ils ont décidé de ne pas avoir d’enfants trouvant que c’était beaucoup de contraintes, de responsabilités, de soucis.
Nous rencontrons de plus en plus de couples assez jeunes qui se posent la question de faire ou non des enfants: pour la Planète, pour l’Avenir, pour la responsabilité, le temps, pour leur liberté, leur bonheur.
Le fait juste de se laisser cette possibilité de faire ou non des enfants me semble une prise de conscience importante. Chacun est libre de ses choix et penser cette option me semble une voie importante vers la prise en charge de son propre bonheur. Le bonheur ne pouvant pas être comblé de l’extérieur mais étant en premier lieu à chercher en soi.
Au bout de 4 mois, 24h/24h avec nos enfants le besoin de retrouver une vie « normale », d’adultes indépendants se fait sentir.
J’espérais que ce voyage changerait/arrangerait des choses par « magie ». Mais apparemment « magie » c’est plutôt du travail, de la volonté et des efforts. Si on veut des belles relations familiales il faut les travailler, se donner des intentions du cœur et faire son maximum pour parvenir à les vivre.
Aujourd’hui le point fort de notre voyage aura été avec Romain d’oser nous lancer, mettre un pied devant l’autre et d’avoir fait une bonne équipe.
Ce qui reste à décanter, à mûrir c’est la relation entre les frères et la sœur, le besoin que chacun de nous 5 se discipline dans le rapport à l’autre (pas d’insulte, de violence, d’énervement), apprendre à s’occuper seul, savoir s’éloigner quand la relation ne nous convient plus, faire de son mieux pour que la famille fonctionne bien (aider, être positif, prendre sur soi), prendre soin de soi en répondant à ses besoins, éviter d’être violent ou de rendre l’autre violent.
Le chemin d’une vie!
Lecture et émissions radios m’ont accompagnées hier. La douceur des propos de Thich Nhat Hanh était apaisante et de bons conseils: revenir au souffle, prendre en considération que l’autre souffre aussi, même et surtout s’il nous fait souffrir.
Bien plus difficile à appliquer dans la cellule familiale qu’ailleurs mais la famille est LE lieu qui demande de se relier au cœur, de faire de son mieux, de se remettre à l’ouvrage, l’espace où l’on constate tout le chemin qu’il reste à parcourir.
Je réalise que jamais au travail, avec des amis, dans des activités je peux parler ou me mettre dans des états émotionnels aussi vifs et décentrés qu’en famille.
C’est le travail d’une vie aussi de décoller des étiquettes posées sur soi, de ne pas coller d’étiquettes à son enfant, de ne pas faire de suppositions, de ne pas réagir aux remarques blessantes, de ne pas en faire, de rester calme. On se connait tant et si peu en même temps! On s’aime tant et si mal parfois.
En fin d’après-midi, prendre un peu le large dans une cabane dans un arbre m’a fait du bien.
Une bonne dispute entre les 2 grands a permis de poser ces problématiques récurrentes à notre famille:
– comment faire quand je veux être seule et que tu viens me déranger dans ma chambre?
– comment faire quand tu ne m’écoutes pas?
-comment faire quand j’ai mal et ne me sens pas entendu?
-comment gérer ma colère et ma violence quand ça déborde?
Voilà au bout de 4 mois de voyage il s’est passé 1000 choses fantastiques et il reste aussi pour nous 5 des solutions à trouver, des chemins à emprunter, des pistes à tester.
Journée jeu des « 8 familles » aussi 😉 tout un symbole.
Un nouveau modèle familial, notre « nouveau » modèle familial bientôt prêt à émerger?
Coucou les amis
Nous sommes sur le départ de notre périple Transibérien. Nous ne suivrons votre fin de voyage qu’à notre retour sûrement. Nous vous la souhaitons riche encore et riche ça peut être dans le calme, la sédentarité, juste le ressenti de l’avant et de l’après. Merci Annaïka de partager avec nous tout ce qui va avec le vécu de votre aventure, hors les actes, dans cette réflexion toujours juste sur ton/vos ressenti(s). Se décaler d’où la vie nous emmène pour être vraiment « en vie » seul(e) et au milieu des autres, vaste parcours en effet. Rendez-vous avec toi, avec vous en famille pour parler VRAI de tout ça. Gros bizzzzou à, tous les 5
Pas besoin de cours pour un gros chien….l’éduquer naturellement et tout se passe bien…donc avoir des enfants avec un chien c’est le top…..c’est comme un voyage on s’en souvient toute sa vie.un an déjà que vidock est parti…bonne fin de vadrouille et à très vite
Gros bisous à vous cinq